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Le naufrage de l’ouverture

Nicolas Sarkozy, pour se faire élire Président, avait su rassembler, sous la plume de Guaino, la France nationale, et faire rêver d’avenir une France libérée de ses carcans d’Etat. Le rêve s’est brisé, en même temps que le projet. Le Front National a retrouvé ses voix et les Français se retournent vers l’Etat qui a été le seul recours pour éviter une banqueroute plus grave encore que celle qu’ils ont subie. Et paradoxalement Nicolas Sarkozy est celui qui a remis l’Etat au centre du jeu, qui l’a fait agir avec efficacité, qui a fait tête contre un monde financier anglo-saxon avide et rapace. Mais l’image du jeune chef de guerre ramenant les Français sur les chemins de la gloire s’est évaporée, pour presque rien, pour des questions d’images ; un embarquement trop précipité sur le navire d’un Bolloré, la silhouette floue d’une épouse, d’étranges vacances aux USA, bref rien qui ne ressemble à la vie de ses électeurs, et puis sur le plan politique, de la part d’un politicien chevronné, l’étonnante idée d’aller pêcher dans le vivier de son adversaire. C’est pourtant ce que l’on apprend en premier lorsqu’on entre en politique : d’abord les tiens. Mais il est vrai que certains ajoutent : «Méfie-toi de tes amis, les ennemis on s’en occupe».

Quoi qu’il en soit, l’électorat que Sarkozy avait voulu rassembler au sein de l’UMP, qui n’a pas tardé à redevenir un RPR bis, s’est ému des talents que le Président partait chercher à l’orient de la vie politique, que ce soit des traîtres de comédie, genre Besson, ou des personnages appartenant plus au monde médiatique qu’à la réflexion géopolitique comme Kouchner. Au lieu d’apaiser la vie politique, ces choix ont exacerbé les envies et les énervements sans apporter une voix, tandis que Jean-Marie Le Pen redécouvrait le boulevard qu’il avait abandonné il y a quelques années.

Ces élections régionales sont à l’évidence des élections sanctions. Le plus grave, c’est qu’un Français sur deux s’est détourné des urnes, ayant l’air ainsi de justifier l’impuissance de la démocratie moderne à régler leur problème de vie. Car c’est de cela qu’il s’agit. Les grands féodaux socialistes installés dans les régions ne font que gérer un système économique ancré profondément dans le projet libéral européen. On sait bien que parvenu au pouvoir central ils ne feront, comme ils l’ont fait dans le passé, que gérer ce même système, alors qu’il faut un véritable laboratoire d’idées sur la façon de produire et d’échanger dans une société démocratique moderne, loin du millénarisme écologique qui vend la décroissance comme une panacée de médecin du moyen-âge.

C’est la dernière carte que Nicolas Sarkozy peut jouer. Une réflexion, une mise en scène, une mise en place d’une nouvelle société ; il lui reste peu de temps, et il s’est entouré de peu de gens ayant le goût de cette réflexion. Ce ne sont pas les élections régionales qui lui donneront la clef…

Xavier de Roux

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